STEVEN PASS / HIGH BRIDGE

STEVEN PASS / HIGH BRIDGE

Bon, je trace seul sur ce bout de parcours, je suis content de toucher à la fin de ce trip difficile mais c’est une expérience qui restera inoubliable.

Sur cette portion le dénivelé positif à frôlé les 2 000 m avec des paysages toujours composés de forêts denses dans le creux des vallées et de crêtes dégagées et minérales. C’est joli. Seule ombre au tableau : l’air est saturé par les restes de fumées des énormes incendies qui sévissent au Canada. Du coup l’horizon est toujours voilé.

Les températures se sont réchauffées. Plus de gelées la nuit, par contre c’est une chaleur humide qui te colle à la peau et qui te fait bien suer. Ma chemise est à nouveau couverte de trace de sel (de transpiration bien sûr!) que j’élimine en grosse quantité. J’ai traversé pas mal de « prairies de fougères » c’est vous dire comment c’est humide ici ! Le soir au bivouac, la toilette de chat ne suffit pas à enlever cette sensation de poisseux.

L’OURS, ROI DE LA FORÊT

Au détour du chemin j’ai croisé la route d’un black bear (un ours). Je montais tranquillement tandis que lui descendait tranquillement! On s’est arrêté, face à face environ 15 secondes avant qu’il ne détale dans le sous bois. Je peux vous dire que mon palpitant s’est fortement accéléré. Les conseils des rangers sont de ne pas paniquer, de ne plus bouger et progressivement de lui redonner de l’espace tout en le regardant bien en face!! Hé ben, dans ces cas tu te retiens de ne pas prendre tes jambes à ton cou en espérant que la grosse peluche n’ai pas la mauvaise idée de venir te renifler de plus près !!

Quand tu sais que Winnie peut faire des pointes de 50km/h et grimper aux arbres ou nager sans problèmes, ta porte de sortie est quasi nulle ! S’il t’attaque pour se défendre il faut faire le mort…Ha! Ha! S’allonger à plat ventre jambe écartées tout en protégeant ta nuque et ton visage avec tes bras. S’il t’attaque pour te bouffer, ne pas faire le mort, il faut réagir de façon agressive pour l’intimider…re Ha! Ha!

Bon là c’était un ours civilisé qui a bien voulu partager son territoire avec moi ! Moins serein quand même le Poupou pour poursuivre son chemin ! Car la bête peut te suivre pour que tu lui serves d’en-cas plus tard !! Inutile de vous dire que je n’ai même pas pensé à immortaliser la scène, il faudra me croire sur parole, je fais un bien piètre reporter de guerre (dixit Gene) !!!!

BILAN MATOS : CHAUSSURES & SAC A DOS

Sinon, ça y est : ma deuxième paire de chaussures de rando a rendu l’âme elle aussi. Elle n’était pas neuve comme l’autre mais quand même j’aurai cru qu’elle irait jusqu’au bout. Tant pis je finirai en running. Mes pieds sont dans un drôle d’état, l’humidité ambiante leurs donnent une gueule de pomme pourrie ! Pour le reste du corps, c’est le tour des épaules de me faire vraiment mal, le poids du sac provoque des cervicalgies que l’amaigrissement n’arrange pas.

Le poids du sac aura été vraiment l’un des GROS problèmes de cette expérience. Mardi je descendais vers High Bridge d’un pas qui me semblait alerte pour choper le bus qui devait me conduire à Stehekin quand un mec m’a dépassé en courant. En passant il me dit « Hurry up ! The last bus is at 6 p.m » (Dépêche-toi! Le dernier bus est à 18h »). Imaginez Poupou en train de courir derrière l’autre MUL (Marcheur Ultra Léger) avec ce put… de sac à dos ! C’est sûr je vais me convertir à cette secte ! La dernière fois je me suis étalé dans un lit de rivière en glissant sur un rocher parce que j’étais complètement déséquilibré par le poids (et un peu de fébrilité). Rassurez vous plus de peur que de mal.

Ah ! J’allais oublier, j’ai contourné le Glacier Peak (3 213m), c’est un ancien volcan recouvert par une dizaines de glaciers (le Kennedy, le Dusty, le Chocolate…) qu’on a tous regroupé sous le non de Glacier Peak. Il a une position en retrait de la chaîne des Cascades et c’est mon dernier 3 000 ! Son activité est visible du fait des sources chaudes qu’on trouve à ses pieds. Il est d’un accès difficile mais son ascension ne ne pose pas de problèmes particuliers parait-il ! Naturellement il est hypnotique, majestueux, superbe comme ses compères du sud…

DERNIÈRE LIGNE DROITE

Là je suis à Stehekin pour 2 nuits, aucune route n’arrive à ce village excepté celle du bus qui te ramène de High Bridge. Il n’y a vraiment pas grand chose ici, mais le campground est sympa. J’y ai récupéré un colis de bouffe avec du Nutella (!), une corde et mes nouveaux crampons achetés à South Lake Tahoe (shit encore du poids!). Corvées faites, je m’installe au bord du lac Chelan et je regarde le temps s’écouler, ça fait beaucoup de bien. Ce lac est tout en longueur (81 km quand même) et je n’en vois pas le bout. Il est bordé par les falaises de la montagne qui tombent à pic dans ses eaux profondes (453 m).

J’en profite pour commencer à organiser mon exfiltration du PCT. Je vais passer par Vancouver avant de rejoindre Seattle par la mer et Salt Lake par les airs où un thru-hiker, retraité de la Défense Nationale, peut m’héberger en attendant Gene. Pas facile à mettre en place tout ça. Le bled est super encaissé et la connexion Wifi (intermittente) coûte 15$ par jour…Il n’y a pas de petit profit !

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